Enedis estime à 1% la part des accidents du travail d'origine électrique ayant entraîné le décès de l'intervenant. Ces accidents sont 12 fois plus mortels que l'ensemble des risques professionnels. Quelles sont les principales situations de danger électrique et les solutions à mettre en place ?
Les situations à risque électrique sur les chantiers
Retrouvez des exemples de situations à risque ayant entrainé de graves accidents d’origine électrique sur les chantiers du BTP.
Confusion entre les branchements d'eau et d’électricité
En France, 10 % des accidents du travail d'origine électrique sur les réseaux souterrains sont le résultat d'une confusion entre le branchement d'eau et le branchement électrique... La distinction n'est pas toujours visible et lorsque les réseaux sont suffisamment proches l'un de l'autre l'accident peut être mortel.
L'organisme professionnel de prévention du bâtiment et des travaux publics (OPPBTP) est revenu sur l'un de ces accidents sur un chantier BTP afin d’en déterminer les causes précises et de faire le point sur les précautions à prendre avant l’opération. En l'occurrence, la victime était un technicien en opération de dépannage sur le domaine public. Persuadé d’entailler un tuyau d'eau, l'intervenant coupe en réalité un tuyau métallique.
Contact indirect avec un câble électrique mal protégé
Une masse conductrice a priori sans danger peut être mise sous tension si elle se trouve en contact avec un câble mal isolé. Ce risque est difficile à anticiper pour la victime et pourtant il suffit d’un contact avec l’âme d’un conducteur pour être électrocuté.
L’Institut national de recherche et de sécurité (INRS) donne pour exemple une situation de contact entre le pied d'un ouvrier et une poutrelle métallique posée au sol. S’il s'avérait que l'élément conducteur était en contact avec le câble mal isolé d'un poste de soudure en 400V, le fait d'avoir un pied sur la poutrelle et l'autre au sol entraînerait pour la victime une différence de potentiel de 230V, pouvant être fatal.
Danger électrique avec l'outillage portatif
L’INRS rapporte un autre exemple d'accident ayant entraîné une exposition à une différence de potentiel de 230V, mais à cause d’un outillage portatif détérioré.
L'événement s'est produit dans un atelier alors qu'un ouvrier tentait de percer des ferrures fixées sur des ouvrages métalliques. L'intervenant utilise pour se faire une perceuse électrique alimentée en 230V.
L'enquête a révélé que le conducteur de phase du câble d'alimentation détérioré se trouvait en contact avec l'enveloppe métallique de l'appareil. L'utilisateur s'est ainsi retrouvé en contact indirect avec la tension par le biais de la perceuse.
Les accidents de chantier BTP liés à l’éclairage
L'éclairage provisoire peut aussi être une source de danger électrique. Cette situation s'est présentée sur un chantier mené dans un sous-sol humide et mouillé où l'éclairage était assuré par un câble fixé aux parois avec des douilles métalliques à bout de fil.
La ligne provisoire n'offrant pas une visibilité optimale, un ouvrier décide de remplacer l'une des ampoules par un modèle plus puissant. Il touche la douille en contact avec un conducteur sous tension et se trouve lui-même sous tension.
Risques électriques : les mesures de prévention
Les éléments d'enquêtes menées sur les accidents électriques des chantiers du BTP ont contribué à affiner les mesures de prévention propres à chaque situation.
Les précautions les plus simples sont souvent les plus efficaces. Certains travaux ne doivent tout simplement jamais être effectués sous tension. Lorsque la mise hors tension n’est pas envisageable, d’autres garde-fous assurent la protection des intervenants.
Comme pour n'importe quel risque professionnel dans le BTP, on distingue les protections collectives et individuelles. Les premières ont la priorité sur les secondes.
La protection collective pour la sécurité des travaux d’électricité
Pour assurer la protection de tous, il faut tout d'abord respecter la procédure de Déclaration de Travaux, Déclaration d’Intention de Commencement de Travaux DT-DICT pour les travaux réaliser à proximité d'un ouvrage électrique.
La présence éventuelle de lignes aériennes et souterraines à haute tension doit être identifiée avant le début du chantier.
Les appareils électriques portatifs doivent être vérifiés ainsi que les câbles et les rallonges permettant de les raccorder. D'une manière générale, toutes les installations provisoires doivent être reliées dans le respect de la norme NFC 15-100. Dans l'exemple précédent impliquant l'éclairage provisoire d'un local humide, le risque d’accident électrique aurait pu être maitrisé en mobilisant du matériel alimenté en très basse tension de sécurité.
Les règles de sécurité électrique donnent par ailleurs des consignes très strictes d'éloignement du réseau électrique. Enedis prévoit par exemple une protection de chantier systématiquement installée par ses soins pour toute intervention prévue à moins de 3 mètres du réseau.
La protection individuelle contre le risque d'électrocution
Dans les protections individuelles, on retrouve les EPI utiles dans le cadre de travaux menés sous tension : le casque isolant à visière, les gants isolants, les chaussures de sécurité…
Chaque ouvrier doit s’assurer de travailler avec des outils appropriés. Les intervenants ne doivent porter aucune pièce conductrice. Ces éléments sont parfois présents dans les vêtements, ou peuvent être portés par l’intervenant (bracelet, montre…).
La formation et la sensibilisation aux bonnes pratiques protègent à la fois l’équipe et les individus. Les exemples d’accidents électriques sur les chantiers ont montré que l’application des bons gestes de prévention peut sauver des vies.