Les lacs, les canaux et les réservoirs d’eau artificiels sont des surfaces encore sous-exploitées en France pour l’installation de panneaux photovoltaïques. La technique est pourtant bien maîtrisée et le cadre réglementaire est en place pour s’assurer que les nouvelles installations puissent augmenter la production d’énergie renouvelable (EnR) avec un impact limité sur l’environnement.
Développement du solaire flottant : contexte
Les engagements pris à l'échelle européenne (paquet Energie-Climat), nationale (loi sur l’accélération de la production EnR 2023) et régionale poussent les acteurs à trouver des solutions de déploiement durables pour l'exploitation des énergies renouvelables.
Pour le solaire photovoltaïque, les principales contraintes sont la disponibilité du foncier et la qualité de l'exposition. Il faut trouver de grandes surfaces sans obstacle pouvant faire écran au rayonnement. La plupart des fermes solaires sont ainsi aménagées sur de friches industrielles ou des terrains vagues.
Pour éviter d'empiéter sur les terres arables essentielles au bon fonctionnement du pays, il faut développer d'autres pistes. C’est là qu’entrent en jeu les centrales photovoltaïques flottantes.
Principes d’une centrale solaire flottante
Le solaire flottant rassemble des panneaux photovoltaïques en îlot sur de vastes surfaces aquatiques. Ancrées au fond de l'eau ou amarrées sur les berges, ces centrales bénéficient d'une exposition optimale.
Le fonctionnement est le même qu'avec n’importe quels panneaux solaires photovoltaïques. Ce qui change, ce sont toutes les précautions associées au milieu d’installation. En l’occurrence, l’ancrage, les structures flottantes et les raccordements doivent être adaptés au milieu aquatique.
Les câbles électriques qui relient les panneaux photovoltaïques aux postes de transformations situés sur les berges doivent être parfaitement étanches.
Précautions liées à l’impact environnemental et écologique
L’article L.122-1 du Code de l’Environnement encadre les « projets qui, par leur nature, leur dimension ou leur localisation, sont susceptibles d'avoir des incidences notables sur l'environnement ou la santé humaine ».
Cela concerne les projets de centrale photovoltaïque flottante qui doivent faire l’objet d’une étude d’impact et sont soumis à l’avis de l’autorité environnementale.
Sur les sites Natura 2000, le dossier est complété d’une évaluation des incidences. Un tel projet avec un impact direct ou indirect sur le milieu aquatique doit aussi tenir compte de la Loi sur l’eau.
Quelles perspectives pour le solaire flottant ?
Ces systèmes sont relativement récents. Le premier a été construit au Japon en 2007. La première véritable centrale solaire flottante affichant une puissance supérieure au MWc remonte à 2013.
Il s'agit encore d'une technologie de niche, mais le potentiel de développement est considérable. La Banque Mondiale estime à 400 000 km² la surface des réservoirs d’eau artificiels sur le globe. Dans un schéma exploitant seulement 1% de cette surface, la production serait de l’ordre de 400 GWc. Avec 10 % de la surface exploitée, le gisement atteint 4 TWc.
Autrement dit, si un dixième des réservoirs artificiels était couvert de panneaux solaires flottants, ces centrales afficheraient une capacité 4 fois supérieure à celle du parc photovoltaïque mondial en 2023.